C’était annoncé depuis mai 2021, le NUTRISCORE sur les offres Mc Donald’s est maintenant accessible à tous.
Comme mentionné sur son site, Mc Donald’s France est la 1ère enseigne de restauration rapide à mettre en place cet indicateur « tendance » pour ses offres.
« A » …la 1ère lecture, que comprendre du Nutriscore Mc Donald’s ?
L’offre BURGERS à base de VIANDE de BOEUF ou de PORC (dont BACON) est nutri-scorée en catégories C ou D, celles à base de POULET, POISSONS ou OEUFS (sans BACON) ou VEGGIE (Mc Wrap) sont en catégorie B.
Les FRITES sont en catégorie B, SALADES en catégorie A alors que les SAUCES sont classées en catégorie D ou E (à base d’huile).
L’HAPPY MEAL pour les enfants proposent des burgers, nuggets variant entre les catégories B,C ou D. Les frites sont en catégories B, l’accompagnement concombre en A. Tous les desserts fruitiers sont classés A, le produit laitier en catégorie B et la petite glace en C.
Pour en savoir plus, cliquer sur les images-liens vers le site Mc Donald’s et son Nutriscore
« B » …on OK, quelle analyse en faire ?
Tout d’abord, nous avons une bonne lecture pour chaque produit de son Nutriscore classé de A à E.
De plus est affiché l’apport calorique « énergie à la portion » pour chacun d’eux (kcal = kilo calories) : c’est un « plus » complémentaire que Mc Donald’s apporte.
C’est clair et facile à comprendre.
Dans la version disponible actuellement (mi juillet 2021), 4 catégories de produits sont présentes : burgers, salades, accompagnements & sauces, happy meal.
Les boissons et desserts, sauf ceux du Happy Meal, ne sont pas présents dans ce Nutriscore, à date.
Pourtant, les valeurs nutritionnelles des boissons existent déjà au dos des sets de table (ci-dessous) : certaines boissons seront probablement en catégorie A (eaux, soda 0% sucre…) d’autres seront peut être sur d’autres catégories C ou D car riches en sucre (jus de fruits, Sodas non light) .
Mc Donald’s annonce bien sur son site que c’est l’offre complète qui sera nutriscorée. Le Nutriscore est peut être en cours de finalisation. Ou bien quelques recettes produits sont en cours de modification/amélioration. Mieux vaudrait qu’elles soient présentes, sinon ces « trous dans la raquette » pourraient être source de suspicions ou critiques.
A suivre…
« C » …est quoi l’intérêt pour les clients Mc Donald’s ?
Vertu première de cet indicateur, c’est un facilitateur permettant à chaque personne d’orienter et d’arbitrer ses choix vers un produit plutôt qu’un autre pour ses avantages ou limites nutritionnels.
Exemples : si j’ai une petite faim, vais je plutôt choisir un hamburger classé C ou un cheeseburger classé D ou bien préférer un Mc Chicken ou un Mc Fish classé B ?
Si j’ai une plus grande faim, vais je m’orienter vers un BIG MAC classé C ou un ROYAL CHEESE classé D, sachant aussi qu’un Mc Chicken ou un Mc Fish est classé B ?
Ou bien si je suis dans une démarche très light, une salade César classé A ou un p’tit Wrap Ranch classé B ?
C’est assez éclairant et devrait ajouter, pour ceux que ça intéresse, un paramètre supplémentaire dans le processus d’achat des clients : choix produit pour son attractivité (envie/gourmandise/nourrissement) + prix + nutrition
Pour le Happy Meal, on peut observer que l’offre permet potentiellement de faire un repas complet à 3 composantes uniquement qu’avec des produits de catégories A ou B.
« D »…es avantages & les limites du Nutriscore Mc Donald’s (version juillet 2021) ?
Voici la définition du Nutriscore (source : santépubliquefrance.fr)
Le logo est attribué sur la base d’un score prenant en compte pour 100 gr ou 100 mL de produit, la teneur :
- en nutriments et aliments à favoriser (fibres, protéines, fruits, légumes, légumineuses, fruits à coques, huile de colza, de noix et d’olive),
- et en nutriments à limiter (énergie, acides gras saturés, sucres, sel).
Après calcul, le score obtenu par un produit permet de lui attribuer une lettre et une couleur.
L’intérêt du Nutriscore est de donner une indication pour inciter à consommer des produits d’une classe meilleure (tendant vers le A) qu’une autre (tendant vers le E), donc à consommer moins gras, moins sucré, moins salé, plus de protéines végétales, de fruits/légumes etc…
C’est une clé mise à disposition pour permettre un choix plus éclairé sur le plan nutritionnel afin d’inciter à corriger les excès d’une alimentation déséquilibrée (« trop » gras, « trop » sucré, « trop » salé, « trop » riche) pour s’orienter vers plus de fruits, légumes, produits végétaux à base de fibres (ex : 5 fruits et légumes/jour).
C’est un des fondement du Plan National Nutrition & Santé pour corriger les excès actuels.
De notre point de vue, le Nutriscore présente 2 limites majeures :
1ère limite, les vertus & insuffisances du Nutriscore dans son utilisation opérationnelle pour la restauration
Le Nutriscore a pour vocation de corriger les excès actuels de notre alimentation. Il est simple à comprendre, mais aussi simplificateur. Utilisé seul, il ne permet pas d’aider à décider ou conseiller vers une alimentation équilibrée.
L’équilibre alimentaire repose sur un apport quantitatif énergétique journalier de 2000 (femmes adultes) à 2500 (hommes adultes) kcalories, 1500/1700 kcal (enfants/personnes agées), 4000 à 4500 kcal (sportif de haut niveau en action) avec des apports en nutriments à hauteur 45-50% en glucides (sucres), 35 à 40% en lipides (matières grasses), 15% de protéines, en sels minéraux, vitamines, calcium issus de la consommation de 7 groupes d’aliments (viandes – poissons – œufs, ● produits laitiers, ● matières grasses, ● légumes et fruits, ● céréales et dérivés – légumineuses, ● sucres et produits sucrés, ● boissons) en variant les menus. Cette équilibre s’obtient par un ensemble prises de repas, pas sur un seul repas.
On a besoin au quotidien, de façon importante d’apports en sucre et matières grasses, classés en D ou E, ce que le Nutriscore ne laisse pas entendre.
Si vous consommez exclusivement des produits classés A & B, vous serez rapidement confronté à un manque d’énergie et des carences en nutriments. Tout comme l’excès de produits classés C, D, ou E, vraie réalité, source notamment de la montée forte de l’obésité en France.
Le Nutriscore ne sensibilise pas non plus sur les grammages recommandés (= quantité d’aliments consommés). Si vous consommez 600 ou 700g d’aliments par repas (vs besoin nécessaire de 350 à 450g pour un adulte), même en variant bien les aliments des 6 groupes alimentaires (sans les boissons), on sera dans le « trop » quantitatif.
Mettons nous dans le parcours d’un client Mc Donald’s en situation de choix alternatif de 2 burgers classés Nutriscore « D » :
Un « cheese burger » et le burger « double signature cheddar & smoky bacon »
Si on ne se fie qu’au Nutriscore, les 2 produits sont équivalents.
Nutritionnellement, un cheeseburger de 308 kcalories (poids 119g, d’après set de table) peut facilement s’inscrire dans un repas équilibré avec d’autres composantes, alors qu’un burger à 1280 kcalories (poids 258g) représente à lui seul un apport énergétique énorme vs besoin journalier total moyen de 2000 kcalories (pour un adulte en activité normale). Les notions quantitatives (grammages) ou qualitatives des recettes ne sont donc pas prises en compte par le Nutriscore.
Mc Donald’s le confirme sur son site : « Petite particularité, le Nutri-Score évalue le profil nutritionnel des produits à quantité égale : pour 100g de produit. Il ne tient pas compte de la taille de portion. Par exemple, une petite frite aura le même Nutri-Score qu’une grande ou moyenne frite. Il est donc complémentaire de l’information nutritionnelle classique et constitue une aide pour mieux équilibrer son alimentation »
Que Mc Donald’s annonce les « Kcal » avec le Nutriscore sur chacun de ses produits corrige une limite du Nutriscore et montre une volonté de transparence. C’est un point favorable à souligner.
Par ailleurs, quand on va dans un restaurant on consomme un repas qui peut se composer de 1, 2, 3…5 ou 6 composantes à base de nourriture (= besoin de nourissement) et de boissons (= besoin d’hydratation), pas un produit unique sauf exception.
Si on prend un cheeseburger classé D + une frite classée B + une salade verte classée A avec sa vinaigrette classée E + une glace p’tit glacé classée C + 1 soft drink light 0% (probablement classé A), quelle signification concrète peut on en tirer pour son alimentation ?
L’addition de valeurs Nutriscore fait elle sens ?
Que vont comprendre un ado, un jeune adulte ou des parents ? Est-ce bénéfique ou au contraire néfaste pour son équilibre alimentaire ? Les consommateurs vont ils savoir décrypter ces différences sans être expert en nutrition ?
Si vous recherchez une alimentation équilibrée, le Nutriscore n’est pas suffisant. C’est comme si vous conduisez en ne regardant que l’indicateur de consommation instantanée de votre véhicule. Pour bien conduire son alimentation, il faut maîtriser le B.A.BA nutritionnel en consommant régulièrement les 7 groupes alimentaires de la pyramide, en commençant par éviter de manger « trop ».
Enfin, une alimentation équilibrée ne se joue pas sur un repas, mais sur l’ensemble des prises alimentaires d’une semaine, d’un mois… Manger un repas très riche, nutriscoré de produits C,D,E chez Mc Donald’s ou un restaurant gastronomique, une fois de temps en temps (1 fois par mois, quinzaine ou semaine) ne pose pas de problème si le reste de votre alimentation est équilibrée. Par contre, si vous multipliez ce profil de menus riches plusieurs fois par semaine, ce n’est pas bon du tout. Le Nutriscore ne répond pas également à cette notion de FREQUENCE.
2ème limite, une démarche nutritionnelle volontariste de Mc Donald’s, mais restant peu accessible car trop technique & défensive
Arrivé au début des années 80, Mc Donald’s est perçu comme symbole de la « mal bouffe ». Il a pourtant impulsé la tendance « Burger » qui est désormais au coeur des cartes d’une majorité des restaurants en France. Le sujet est donc sensible et paradoxal.
Comme indiqué sur son site, la démarche nutritionnelle de Mc Donald’s a été initiée depuis la fin des années 80…
1/ dans son offre : introduction des salades (1987), de l’eau minérale (1997), de produits laitiers & fruits à croquer dans le Happy Meal (1998), de produits Bio (2010), d’offres veggies (2019)
2/ Dans sa communication nutritionnelle qui existe depuis 2006 avec les informations sur les apports nutritionnels de chaque produit disponible au dos des sets de table et sur le site internet (lien en cliquant sur l’image)
Les informations existent. Elles sont techniques, chiffrées, accessibles par un chemin long ou des sous-rubriques. Logique d’un certain côté, car les clients ne viennent pas chez Mc Donald’s pour la nutrition. C’est une réponse à des obligations règlementaires, de l’information ou de la réassurance à l’attention d’un public averti.
La volonté d’informations et de transparence existent, les consommateurs et les médias y ont accès, mais c’est de l’information « à plat » par produit, peu ludique, ni très pédagogique, ni pratique pour aider au « bien manger » d’un consom’acteur.
Il y a bien sûr des enjeux business importants quand l’offre de base la plus vendue c’est burger + frites + soft drink dont le profil nutritionnel tend vers les notes orange ou rouge. L’offre Mc Donald’s de 2021 permet aussi de faire des choix plus équilibrés. Mc Donald’s sait et saura faire évoluer son offre (ex : l’offre Mc Veggie proposée en octobre 2019 n’est plus présente 2 ans après. Elle n’a pas dû trouver son public et le volume/CA qui va avec)
La communication nutritionnelle actuelle de Mc Donald’s n’accompagne pas, ne conseille pas ses clients : elle apporte des informations brutes sur chaque produit , c’est tout !
Or, 1 français sur 2 est maintenant concerné par le surpoids (30%) ou l’obésité (17%). La clientèle Mc Donald’s plutôt jeune, est en première ligne avec une forte montée de ce fléau pour cette population : 21% des 8-17 ans, 34% des 2-7 ans (!!) sont en situation d’obésité (source Etude ObEpi-Roche publiée en juin 2021 : https://www.france24.com/fr/france/20210630-l-ob%C3%A9sit%C3%A9-des-jeunes-en-forte-progression-en-france)
Le coeur du problème est pourtant simple, c’est l’absence d’éducation nutritionnelle. Les jeunes parents, eux mêmes, ignorants du sujet pour la plupart, ne peuvent donner les bons repères à leurs enfants. Additionnée à une sédentarité accrue d’une vie moderne avec de moins en moins d’activité physique, nous avons là les 2 ingrédients d’une santé publique en dégradation alors que l’offre n’a jamais été aussi large et variée chez Mc Donald’s ou ailleurs !
Le consommateur, avec ses proches, reste le décideur au final que ce soit dans ses supermarchés/commerces de proximité pour sa consommation à domicile ou dans ses restaurants pour la consommation/livraison à domicile. S’il n’a pas les bons codes, compliqué de mettre en place les bons comportements alimentaires.
L’arrivée du Nutriscore Mc Donald’s va créer naturellement un focus sur le sujet avec les limites que nous venons de partager. C’est une avancée qui va dans le bon sens, mais est elle suffisante ?
« E » …t maintenant quels impacts possibles vers la profession ?
L’arrivée du Nutriscore chez Mc Donald’s en 2021, sera probablement une étape marquante.
Cette initiative est la première d’une chaine de restauration commerciale en France.
C’est un évènement important vers l’accompagnement nutritionnel/conseil des clients initiée par un acteur majeur et leader sur son marché (1530 restaurants, 4,4 milliards € de CA). En terme d’image et d’impact, celà va avoir des retombées importantes et probablement être un marqueur pour la profession.
Les grandes enseignes concurrentes de la restauration rapide (Burger King, Paul, Brioche Dorée, Exki, Cojean…) proposent aussi leurs informations nutritionnelles sur leur site par des cheminements longs via leurs offres produits : les constats sont identiques (sans le nutriscore)
D’autres enseignes leaders de restauration assise (Hippo, Buffalo grill, Courtepaille…) ne communiquent pas pour le moment sur ce sujet, ainsi que quelques enseignes récentes de la restauration rapide (O’Tacos, Big Fernand…) ou plus anciennes (La Croissanterie, La Mie Caline…)
Compte tenu de sa position, Mc Donalds n’a t’il pas une responsabilité et intérêt à vraiment accompagner, à sa façon ses clients, petits et grands, pour définir et mieux éclairer leurs choix de repas complet (pas un seul produit) autour de solutions & conseils nutritionnels simples, pratiques, ludiques articulés autour du B.A.BA du bien manger ?
La notion de « Capital Santé » qui émerge depuis les années 90, prend de l’importance et va devenir clé pour les consommateurs. Aujourd’hui l’attention se focalise sur des éléments qualitatifs sur le Bio, le Local, l’Origine produits, le « Sans ou le Moins » (sucre, sel, matières grasses, gluten etc…) mais pas vraiment sur les bons codes et la connaissance de base d’une alimentation équilibrée mieux partagée par tous. Le prisme du Nutriscore est trop réducteur pour induire la bonne démarche et faire évoluer les comportements alimentaires.
Il y a 12 ans, Brioche Dorée avait mis en place un outil très pratique (en ligne et sur smartphone) qui partait de votre profil personnel (femme/homme/enfants, tranches d’âges etc..), puis permettait de sélectionner l’ensemble des composantes de son repas choisi, comme on le ferait pour une commande classique, puis de lire simplement le résultat nutritionnel (kcal, principaux nutriments) avec un design très coloré, ludique, facile à comprendre. Puis on pouvait par glisser-coller changer une des composante (ex : une salade de fruits au lieu d’un éclair au chocolat) pour lire aussitôt l’amélioration nutritionnelle (ou l’inverse) : facile à utiliser, facile à comprendre, pédagogique. Cette solution n’existe plus à date. C’est le modèle le plus évolué que j’ai pu observer.
Il y a par ailleurs un risque à anticiper pour la profession. On peut aussi supposer que nos parlementaires (avec eux aussi des lacunes marquées en connaissances nutritionnelles) imposent le Nutriscore ou d’autres obligations à nos restaurateurs. Ces contraintes viendraient s’ajouter au contexte déjà tendu de changements importants (crise sanitaire, vaisselle non jetable pour la restauration sur place, 5 tris des déchets…).
Quelles voies suivre ou inventer, pour transformer ces contraintes en opportunités nouvelles à créer ? Plutôt agir que subir, comme cette initiative de Mc Donald’s ?
Enfin, il faudra bien sûr trouver le bon positionnement, la juste place à ce sujet. On vient d’abord dans nos restaurants pour la gourmandise, se faire plaisir agréablement, se détendre, se faire servir, être bien accueilli etc… La nutrition n’est qu’un élément secondaire qui va se renforcer très probablement surtout pour les repas du midi (plus fonctionnels).
A suivre…